Je suis artiste depuis plus de 20 ans et j’ai longtemps subi des blocages créatifs. Au fil du temps j’ai essayé de nombreuses méthodes pour les surmonter et les éviter. Voici comment je suis arrivée à ne plus jamais avoir de blocage créatif.
Qu’est ce que le blocage créatif ?
L’angoisse de la page blanche, ce concept bien connu du public, c’est le blocage créatif. Le vide, le néant artistique, l’équivalent du trou de mémoire pour l’acteur ou du trac du chanteur. On est là, on est prêt à travailler et tout à coup : RIEN. Rien ne vient et plus la deadline approche, plus on vous relance, plus on vous demande si ça avance cette BD, plus c’est angoissant et moins on est productif.
Comme de nombreux-ses artistes, j’ai subi les conséquences de ces périodes de vide : délais non respectés, angoisses, stress, jusqu’à refuser des contrats par peur de ne pas y arriver. Ce phénomène touche tous les créatifs, dans toutes les disciplines.
Se débarrasser de son blocage
Il suffit pourtant d’une cuillère de vinaigre blanc et d’un peu de bicarbonate… 😀 Non en réalité, ce que vous allez devoir faire va vous sembler complètement contre productif, mais la méthode fonctionne. Pour produire, pour créer plus précisément, vous devez vous mettre en condition. Et cela ne viendra pas toujours de la même façon pour chacun. Certains artistes ont besoin de faire des croquis d’échauffement, d’autres ont besoin de faire des plans. Mais tout cela reste de la création et personnellement, cela ne me convennait pas du tout. Quand j’étais bloquée artistiquement, je ne pouvais RIEN faire du tout.
J’ai donc trouvé ma méthode de déblocage : faire autre chose. Pas juste procastiner en allant ranger la vaisselle, il ne s’agit pas de repousser une deadline en faisant autre chose tout en pensant à sa deadline. La culpabilité annule le déblocage. Ce que je vous propose c’est de faire autre chose en toute conscience. En sachant bien que vous vous y remettrez quand vous en aurez l’énergie, la capacité et surtout l’envie.
Déblocage artistique et fonctions exécutives
J’ai de sérieuses difficultés avec tout ce qui est tâche exécutives. Je vais systématiquement reporter toutes les corvées et attendre le dernier moment, la dernière limite pour les faire. C’est lié à de nombreux facteurs mais aussi au blocage artistique pour moi. Quand je suis coincée côté création, je me tourne vers plusieurs options en fonction de l’énergie dont je dispose, y compris les tâches que je ne veux pas faire. Alors, de la plus exigeante en énergie à la plus basse, je choisis une tâche parmi :
- Les tâches de base, le ménage, le rangement, l’administratif, poster ce courrier qui traîne depuis 3 semaines
- Une activité relaxante, sortir, se promener, faire du vélo, marcher avec le chien
- La passivité, regarder une série, lire, jouer à un jeu vidéo
- RIEN / une sieste / un bain / un thé en regardant les oiseaux dehors
Je ne me force plus jamais à créer car plus je force, plus le blocage est long et pénible. Je réussis à ne plus avoir de blocages créatifs car au fil du temps, ma liste de choses à faire est si vaste et variée que je trouve toujours une porte de sortie et je ne tourne plus en rond. Et en réalité, ce n’est pas tant que je trouve une issue, je me procure une issue.
Par exemple, au moment d’écrire ces lignes, je devrais être en train de peindre des figurines ou de finir une mosaïque de ratons-laveurs mais j’ai besoin de souffler, car j’ai sculpté toute la journée hier jusque tard dans la nuit. Donc aujourd’hui j’écris, je poste, je réponds à mes e-mails, puis je vais aller ranger et passer l’aspirateur pour me sentir mieux. Ce soir ou demain, ou la semaine prochaine je peindrai.
Comment justifier de ses délais auprès de ses clients
Tout cela signifie pour vous que vous allez passer moins de temps à travailler et donc produire moins ? Pas forcément car avancer à la vitesse d’une limace sur un dessin à cause du blocage sera certainement plus dommageable en termes de délai et surtout de qualité. En revanche, faire autre chose et boucler ce travail en 2 heures car vous êtes disponible, fraîche et reposé-e vous procurera bien plus de motivation et de satisfaction.
De mon côté, je ne prends que des commandes pour lesquelles je n’annonce plus de dates de livraison. Ça sera livré mais entre 4 et 12 semaines environ, parfois plus, parfois moins. C’est une condition indispensable pour ma santé mentale. Je suis bien consciente que ce n’est pas à la portée de tous, mais si vous pouvez, faites-le.
Dans tous les cas, si vous êtes dans une période plus molle, que vous sentez que vous allez être en retard sur un contrat ou que vous n’arriverez pas à tenir un délai, le mieux est de prendre les devants. Envoyez un e-mail, prévenez que vous serez en retard, ne donnez pas spécialement de date. Ne vous excusez pas, remerciez vos clients de leur patience et si besoin ajoutez un petit plus en fin de parcours si vous le sentez, ce n’est pas une obligation. Sachez que les éditeurs et imprimeurs prennent toujours une marge de temps en production, et vous devriez faire de même. N’annoncez jamais la réelle date à laquelle vous pensez avoir fini, ajoutez-vous de la marge et donc du confort.
Fonctionner sans blocage créatif
Aujourd’hui, je n’attends plus le blocage, je travaille varié. La diversité dans mes activités me permet de souffler, et m’évite de m’ennuyer. L’ennui tue ma créativité, systématiquement. Je préfère encore compiler les factures pour les impôts de l’an prochain plutôt que créer une chose qui m’ennuie. C’est donc ce que je fais.
Dernière petite astuce, pour ceux qui ont des soucis de fonctions exécutives : stimulez votre intellect pendant que vous effectuez ces tâches. Je mets toujours un podcast, souvent scientifique, dans mes écouteurs pour plier mon linge, ça va bien plus vite et je souffre beaucoup moins !
Enfin, n’oubliez pas que toutes ces petites astuces ont un point commun : s’occuper de soi. En prenant soin de vous, vous cultivez votre créativité et vos blocages seront de plus en plus rares. Notre cerveau n’est tout simplement pas fait pour être productif 40 heures ou plus par semaine, prenez soin de vous ! D’ailleurs, une étude récente montre que travailler plus de 25 heures par semaine après 40 ans peut affecter notre cognition (source)…
Blocage créatif et dépression
Malgré tout, ceci n’est pas valable si vous êtes en dépression par exemple. Dans ce cas, consulter un professionnel en santé mentale est une meilleure option si vous y parvenez. La médication et la thérapie sont des outils importants en cas de dépression. Consultez un professionnel et mieux encore : n’ayez pas peur de CHOISIR le professionnel qui vous convient.